Y a pas à dire, les emmerdes me poursuivent. Je n'ai rien fait. Pour une fois, rien du tout, je me suis contenté de prendre une journée au calme, sans boulot, sans Rose, juste une journée sans avoir à me prendre la tête, sans responsabilité. Je dirais presque comme au bon vieux temps, mais ça serait mentir, faut bien que j'avoue une chose : ce fichu petit bout d'vie est la plus belle chose qui me soit arrivé, même si je galère, surtout parce que ma fierté me retient d'appeler mon frère à tout bout d'champ. Mon boulot, ma fille, le quotidien new-yorkais... je passe une main lasse sur mon visage. Ma vie est devenue tellement banale qu'elle en serait presque ennuyante. Un détail que le destin semble s'être chargé de corriger. Un coup de feu résonne dans la ruelle, et je me retourne pour apercevoir plusieurs hommes armés. Et merde. Foutue New-York. Les balles fusent et leur cible est de l'autre côté de la rue. Je lève les yeux au ciel, insultant de tous les noms ce dieu en lequel je ne crois pas mais qui commence sérieusement à me les briser. Quelques pas précipiter pour me planquer, mes gestes sont calqués sur ceux de tous les autres passants malchanceux qui se retrouve pris entre deux feux. Je m'adosse contre le mur, avec pour pauvre protection rien de mieux qu'un vieux container rouillé. La peur me prend au ventre, mes pensées se tournent toutes vers ma petite fille, vers ma Rose. C'est pas l'moment de crever mon gars, y a ta petite fille qui a besoin de toi.  

«  Ouais bah me regarde pas comme ça Upton, il se foutait pas mal de ma gueule, j'allais pas courir derrière. » Entre un ex qui avait failli me tuer et un ex qui n'en avait même pas été un et sa gosse, j'étais bien partie. On m'avait forcée à aller au blind date et j'avais pris la fuite, et puis quoi encore.Et puis j'avais eu la super idée de me rendre en métro à mon taff. Encore une so good idea. Je m'assied immédiatement quand je vois les coups de feu fuser. Je sors mon flingue,sait on jamais. Je réussi à m'éloigner, tout en m’éclipsant plus loin. Quand je m'installe je tourne la tête et souris, pas vraiment ravie. « Les emmerdes te suivent toi en fait c'est ça ? » Parfois je me demande si elles ne le suivent pas. Je reconnais la gosse qui bosse au même endroit que moi et jla rejoins tout en faisant attention. «  Ben alors Kate, toi aussi tu t'amuses à sécher le boulot ? » Ben oui c'est bien connu je préfère me faire tirer dessus que me rendre à mon taff. «  Toujours vivante la mini pouce ? » Oui elle aurait pu finir par atterrir dans le four, ou dans les chiottes, ou passer par la fenêtre quand on voyait le père, on était sur de rien. Ou il avait enfin pigé comment ça fonctionnait.

Il y avait des jours comme ça où je me disais que j'aurai mieux de rester dans mon lit. Clairement aujourd'hui, c'était la catastrophe. Je me rendais au boulot comme tous les jours. Sauf que voilà, le destin était en train de me dire de me faire voire chez Tout-nu apparemment. Bien sûr, la fusillade, c'était sur moi que sa tombait. Non mais a croire que je cumulais les emmerdes. Le nouvel an, mon psychopathe de père qui me harcèle, la tornade... maintenant la fusillade... c'était quoi ensuite, la météorite ? Non sérieusement ça ne m'aurait pas surprise plus que ça. Assez rapidement je me mis à l'abri là ou quelques personnes avaient pris places. Mes bras entouraient mon sac, j'étais crispée, il faut dire que le bruit des coups de feux n'aidaient pas vraiment à la détente. Un fond sonore de mer aurait quand même été beaucoup plus sympathique. Quand je vois Taliah arriver, je suis presque rassurée. Je la connaissais de vue, on bossait au même endroit et elle faisait partie de la sécurité... le même délire que Tobias. Donc d'un coup je me sens un peu mieux. Bon certes avoir GI Jane dans notre camp n'allait pas vraiment nous sauver de la guerre des gangs qui éclatait autour de nous, mais c'était rassurant. L'effet placébo, comme on disait. Non, je sèche pas, depuis le jour de l'an, j'ai une passion folle pour les fusillades. Bon d'accord faire du sarcasme dans ce genre de situation n'était pas vraiment l'idéal, mais c'était plus fort que. J'osais à peine bouger pour voir ce qu'il se passait. J'osais juste espérer qu'il se fasse la guéguerre et qu'ils partent comme si de rien n'était. Mais je savais bien que les choses n’étaient jamais aussi simple, ça on l'avait vu au jour de l'an à J-Bay.... Et il n'y avait même pas de louche pour me défendre. GI Taliah, quel est le protocole à suivre ?

T'es chiant, t'as un mauvais caractère, tu pourrais au moins faire l'effort d'être sympa. Qu'on me l'dise encore avec toutes les merdes qui m'arrivent. Une chose est sûre, c'est pas l'envie d'être aimable qui m'étouffe. - Qu'est-ce que tu fous là ? Aussi surpris qu'énervé, sentant une certaine rancune - qui n'a pas lieu d'être - monter en moi. Je tais mes remarques, mes insultes, inutile de lui balancer que l'appeler pour me retrouver à écouter une tonalité sonner dans le vide ne m'avait pas franchement enchanté. Puis je suis surement bon à me prendre dans la tronche que je ne l'ai pas non plus informé de mon départ. Comme si ça avait la moindre importante, de toute façon. J'aurais mieux fait de rester à J-Bay, quitte à être maudit, autant l'être chez soi. La mine renfrognée, gardant pour moi la crainte qui me tord les entrailles, j'arque un sourcil, me retenant presque de rire - jaune - en entendant sa question. - Parce que c'est l'moment d'raconter nos vies tu crois ? Ma fille va très bien, quoi qu'elle puisse en penser. Je jette un coup d'oeil à la tête rousse et souris lorsque sa remarque parvient à mes oreilles, adressant à Taliah un regard toujours aussi chargé de cette foutue rancune que je ne suis même pas capable de masquer. Faudra que je pense à demander des conseils à Gabe, puisque au final, il s'avère bien meilleur menteur et dissimulateur que moi. - La même que la gamine. que je lance, d'un ton sec, curieux de savoir comment elle compte nous sortir de là, me baissant davantage en sentant les balles fuser au dessus de nos têtes.

Certains jours on hésite à rester au lit. Certains autres, on confirme qu'on aurait du s'écouter pour une fois. Coincée avec une collègue à la langue bien pendue, et un « ex » bien con qui m'en veut de je sais pas quoi. S'il pensait que j'allais courir après, jsuis pas un chien, lui pas une balle. Je regarde la situation et me dit qu'on est dans la merde. Mais suis loin de savoir à quel point. «  Toi aussi ? C'est tellement.. géant .des morts, des blessés et des traumatismes à vie, comme si j'en faisais pas déjà collection. » Je finis par tousser. Ca aurait été anodin si dans ma main yavait pas de sang. J'osais à peine mais je pris mon courage à deux mains et soulevais ma veste. Je confirme I'm screwd. Une balle – dieu sait comment – m'avait touchée avant que je me mette à couvert. Et merde. Là ou les deux autres me sortait un surnom pourri et s'attendait à ce que j'agisse. «  GI jane, elle a un problème, et elle doute sérieusement d'être utile... » Dis je en montrant la tache rouge qui s'agrandissait. J'avais réussi à toucher derrière et c'était ressorti, mais ça voulait pas dire qu'avant qu'on sorte de là j'allais pas me vider. Quelle charmante façon de crever.  Je regarde autour de nous et sait que pour le moment,bouger n'est pas en option, comme si c'en était une pour moi de toute façon. «  Je suggère qu'on bouge pas en fait. Pas comme si j'allais le faire en même temps. » Dis je en feignant un sourire, tenant ma main sur l'impact. Quelle super journée. J’envoyais un sms à Sandro, qui sait «  I'm sorry. »

Amy avait terminé son service. En réalité, elle l’avait terminé depuis la veille mais sa passion pour son travail l’avait gardé auprès de ses patients. C’était donc harassée que la jeune femme rentrait chez elle. Il lui faudrait faire quelques courses pour remplir son frigo... Ou bien elle commanderait un menu à ce chinois sur le chemin... Plongée dans ses pensées, elle ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Tout d’un coup, des coups de feu retentirent et elle eut juste le réflexe de se baisser et de s’abriter avec d’autres passants. Un homme et deux femmes. What the hell ? Ils étaient fous ces américains ! Non mais franchement ! Quelle idée d’autoriser tout le monde à avoir des armes. Le coeur battant à tout rompre, elle déglutit. Surtout que l’une des deux femmes était elle aussi armée et que l’homme semblait plutôt de mauvais poil. Great. Elle allait chercher une autre issue mais la salve des balles qui sifflaient autour d’eux l’en dissuada. Ainsi que la vision du sang. « Vous êtes blessée, laissez-moi regarder je suis médecin et chirurgien ». Enfin, presque. Elle souleva le tissus sans attendre son consentement pour observer la plaie. La balle était bien ressortie, ce qui n’arrangeait pas vraiment ses affaires. « Vous perdez beaucoup de sang, je vais devoir trouver comment ralentir l’hémorragie. ». Rassurante ? Non. Mais Amy n’était pas reconnue pour ses talents d’empathie avec ses patients. Elle voyait un cas, un dossier et son esprit tournait déjà toutes ses ressources pour sauver la jeune femme. « Avancez un peu, s’il vous plaît ». Elle placerait alors son foulard au niveau de la plaie et lui demanderait d’appuyer dessus avec son poids. « Vous, pouvez-vous me donner votre chemise ? ». En attendant qu’il s’exécute, elle faisait avec sa main un autre point de pression. « Je suppose que c’est votre jour de chance finalement... ». Enfin... Si le gang se calmait et qu’elle pouvait la passer en prioritaire auprès des secours...