Daniel Cavendish
34 ans ◘ agent du renseignement, membre des sas ◘ Michael Fassbender
THIS AIN'T NO PLACE FOR NO HERO


Policemen ◘ Célbataire
anglo-américain ◘ né à Londres (UK) ◘ hétérosexuel

Un menteur né. Un illusionniste. Tu aurais été un parfait homme d'affaires. Le digne fils de ton père, mais tu as préféré l'armée, les codes d'honneur, l'aventure. Jamais tu n'aurais pu t'enfermer dans un bureau et attendre que le temps passe en jouant avec les chiffres. Non, tu joues avec d'autres choses, avec ta vie plus qu'avec le reste. Il te faut au moins ça pour te sentir vivant, il te faut au moins un but, une mission, pour te sentir utile. Ce boulot, tu en as besoin, plus qu'un mode de vie, une nécessité. Tout en toi ne respire que soldat, soldat, soldat. On ordonne, tu exécutes. Et là au moins, tu as la sensation de servir à quelque chose, d'aider les autres, d'aider ton pays, d'aider le monde, peut-être, en le débarrassant des salauds qui le souillent. Tu aimes ton boulot plus que tout le reste. Puis tu n'es pas grand chose sans ton uniforme sur le dos, juste un autre mec dans la rue. Tu n'as pas de vie sociale parce que tu n'en veux pas, ou que tu penses ne pas en avoir besoin, c'est une entrave après tout, tu le vois bien dans le regard de tes hommes, quand ils tiennent fermement ces photos froissées entre leurs mains, qu'ils les gardent auprès de leurs coeurs. Ils ont quelque chose à perdre, et ça tu te le refuses. Tu le sais, tu ne serais plus un bon - un parfait - soldat, si tu avais quelqu'un à t'attendre, quelqu'un vers qui retourner. Tu n'es pas méchant pourtant, un peu froid la plupart du temps, mais c'est comme ça qu'on t'a élevé, dans ce manoir du nord de Londres, dans ce monde faussement noble de l'aristocratie britannique, où les coups bas et les tromperies sont bien plus subtiles et malsaines que dans ces pays où l'on t'envoie. Là-bas au moins, tu n'as pas à te soucier de la loyauté de ton voisin, ni des scrupules de ton adversaire. Tu te bats davantage pour ce qui est à tes côtés, derrière toi, que contre ce qui te fait face. Tu aimes ton pays, tu lui fais trop confiance, sans doute, mais tu as besoin de croire en quelque chose, autrement toute ta vie n'aura été qu'un leurre. Tu aimes le danger, foncer sans réfléchir, sous les feux ennemis, tu adores ça, c'est aussi en partie ce qui te motive. Tu es discret, silencieux, accorde rarement tes sourires, mais tu es un homme bien, qui à défaut d'avoir une famille se bat pour tous les autres, ceux qui ne peuvent pas se protéger, ceux qui ne savent même pas ce qui les menace. Inébranlable, tu l'es la plupart du temps, mais il t'arrive de te laisser séduire par un sourire, un grain de beauté, rien que le son d'une voix. Tu aimes les gens, tu penses qu'il y a toujours quelque chose qui vaut qu'on se batte pour elle. Tu gagnerais à te mêler aux autres, à ne plus être qu'un automate à leurs yeux, surtout depuis que tu as ta place parmi les dévastés, et que tu as le goût amer du cynisme et du désespoir sur le bout de la langue.

One mistake, and you have a scar
on your conscience forever.


DISHONORABLE DISCHARGE Ça te fait mal au ventre de voir ce tampon rouge appliqué sur ton dossier. Ça te vrille violemment l'estomac. T'en as les larmes aux yeux, t'as le sentiment de n'avoir servi à rien, d'avoir été trompé, abandonné, humilié. Tu t'es battu pour eux toute ta putain de vie d'adulte, dès que t'as eu l'âge de t'engager, tu as toujours fait exactement ce qu'on te demandait, sans poser de question, convaincu que c'était la bonne chose à faire, quitte à devenir une machine à tuer, pas un héros, non, mais peut-être, au moins, une sorte de justicier tapi dans l'ombre, près à aider les autres, à abattre ceux qui pourrissent ce monde. Tu t'étais tellement convaincu de tes propres mensonges et de tes illusions que tu n'as jamais vu ceux des autres, te brisant furieusement contre eux en un tonnerre de déception. Qu'est-ce que t'as bien pu faire de mal ? À part poser trop de questions, de t'interroger sur la légitimité de ta mission, de questionner les intentions de ton gouvernement. Tu as simplement eu un peu de moral, un peu trop d'humanité. Tu n'es pas qu'une machine à tuer, finalement, et ça les gêne que t'aies un certain sens de l'honneur, malgré tout.

Tu te réveilles, encore secoué de ces cauchemars qui ne veulent plus te lâcher. Ils te collent au coeur et au corps, tu entends les voix t'appeler à l'aide, tu revoies leurs visages terrifiés. L'écho de leurs hurlements te hantent à chaque foutue seconde, y a rien que tu puisses faire pour t'en défaire. Ils sont là, tout le temps, ils résonnent au fond de ton crâne, ils t'interdisent d'oublier que tu as brisé ta promesse, ils te rappellent que tu les tués, en quelque sorte, et qu'en essayant de te racheter, tu as tout perdu. Tu as perdu ce qui comptait le plus pour toi, ton grade, tes espoirs, ta loyauté, ton honneur. T'as été jeté dehors, sous les regards réprobateurs de ceux qui te respectaient, avant. Que vaut ta parole contre celle de ton gouvernement, que valent leurs suppliques face à leurs intérêts ? Tu t'es rendu compte que tu ne t'es jamais vraiment battu pour ta patrie mais plutôt pour le bon vouloir de quelques uns, pour des querelles de politiciens, à peine pour le bien. T'as été utilisé, et tu t'es laissé faire trop longtemps. Quand tu t'es révolté, quand t'as douté, que t'as refusé d'obéir, c'était terminé.

Le gamin du nord de Londres, déception puis fierté, pour redevenir le mouton noir de la famille, en a soupé de toutes ces conneries, plié ses bagages, adieu l'Angleterre. L'anonymat est précieux à New-York, et tu en as bien besoin. Même si les services secrets américains ne t'ont pas laissé beaucoup de répit, sautant sur l'occasion de récupérer un bon soldat qui en veut à sa bonne vieille terre natale. Tu es encore un pion, mais au moins cette fois tu en as conscience, tu comptes l'utiliser à ton avantage pour obtenir les réponses que tu mérites, la vengeance qu'ils méritent.