Je ne rêve plus à rien, je sens que je me profane... Oh mon âme.
Entrée 085, le dernier petit blog. Se souvenir. N'est-ce pas la chose la plus complexe pour l'être quand ce dernier ne demande qu'à oublier ? Revivre, cauchemarder, sans cesse, sans brutal arrêt. La vie est ainsi, plait-il ?
J'ai des flashs, quelques illuminations parfois. Des "flashbacks" comme il est courant d'appeler ces phénomènes dans la vie courante.
Je revois les flashs des gyrophares, la lumière brûle mes pauvres yeux déjà bien abîmés. Il y a cet immense labyrinthe d'automobiles qui ressemble à un désert aux dunes insurmontables. Et cette envie de courir, de ne pas affronter la réalité qui se dessine au fur et à mesure que l'on progresse.
Tout se mélange dans ma caboche, je revois un sourire au détour d'un songe enflammé, puis la seconde d'après, je revois ce corps sans voix, sans vie.
Ce corps mutilé, déchiqueté par une violence sourde. Je revois une flamboyante partie d'un sexe bestial, animal et les minutes d'après, je revois deux orbites vides, des larmes de sang séchées sur les joues, les dents un peu partout autour d'un corps nu et plein de cicatrices. D'une rareté profonde, j'ai quelques brides de souvenirs heureux, un parfum fugace, un petit flash qui ne dure que quelques secondes...
Mais ces moments disparaissent petit à petit et à la place de ce bonheur innocent ne reste plus que les souvenirs d'une fin trop vite arrivée. Il ne reste plus que l'odeur affreuse du fer que le sang a dégagé dans le salon. Le divan, les murs, tout en était plein et cette odeur infecte m'a forcé à déménager.
Je te raconterais autre chose un autre jour, lecteur, parce qu'une bouteille de Bourbon de soixante quinze ans d'âge attend tranquillement d'être descendue.
Et si Dieu il y a, Amen.
Entrée 090, le dernier petit blog. Journée crevante. Aux jeunes qui lisent ce blog, ne devenez jamais flic !
Vous entendez : JAMAIS.
Oncle Sam ne rêve que de deux choses, de vous envoyer en Irak d'abord, juste pour aller y chopper un peu de pétrole avant que d'autres tarés (des asiatiques ou des européens) ne viennent chopper ce qu'il reste. Et de ce point de vue, Oncle Sam est un con.
La deuxième chose dont rêve Oncle Sam, c'est de vous voir grandir les rangs de la Sainte Police. Chicago, Los Angeles, Las Vegas ou New-York, peu importe. Vous vous devez d'être des clébards aux trousses des pires saloperies de l'univers et lorsque l'un d'eux ou lorsqu'une organisation voit en vous quelqu'un de trop dérangeant, on arrache les yeux de votre femme, on lui casse les dents, on la viole et on lui scalpe la peau.
Ouais, c'est ça la putain de réalité d'être flic aujourd'hui, et même si je suis bourré à cette heure, je peux vous le confirmer : être flic est une putain de plaie.
Je n'ai aucune envie de quitter la police, j'ai été à l'arrêt six mois à la mort de ma femme et ça a été affreux. Pire que maintenant. Je suis comme ce type dans la nouvelle de King, le taulard des Evadés, je suis institutionnalisé.
Quand tu arrêtes d'être flic, même temporairement, c'est encore pire que de le devenir, parce que comme une putain de dose de crack ou d'héro, tu n'arrives plus à t'en passer. Mener les enquêtes, arrêter les suspects et se régaler des beignets du poste, c'est une routine.
Je ne peux pas avouer ici que parfois la frontière entre le bien et le mal est mince, très mince. Je ne dirais rien.
Au programme de la première fois, lecteur, on parlera de mon enfance peut-être ou alors de la couleur du slip d'Obama et du bienfondé (ou malfondé) d'Obamacare.
Et si Dieu il y a, Amen.
Entrée 091, le dernier petit blog. Je l'avais promis comme un Messie et voilà que je m'en vais tenir mes promesses. Ne souhaitant pas exposer mon avis sur l'Obamacare ou sur la couleur de son slip (il porte peut-être un caleçon d'ailleurs...), j'ai décidé de parler de mon enfance. C'est important l'enfance, ça vous dessine un homme. Du moins, jusqu'à ce qu'on torture, viole et tue votre femme. Là, vous changez légèrement.
L'enfance est la partie de la vie la plus importante. Soyez un gamin motivé, et vous deviendrez un adulte motivé. Soyez un gamin complètement dérangé par l'autorité, bafouant les règles à n'en plus finir, et vous deviendrez un découpeur de femme de flic.
J'ai toujours vécu avec une cuillère en or dans le popotin (popotin est le terme poli pour cul.) et aujourd'hui encore, l'argent que mes parents ont laissé sur mon compte me permet de vivre plus confortablement que le permet normalement un salaire de lieutenant.
Pour cause, je suis le vilain petit canard de la famille.
Si vous avez vécu sur Terre durant les vingt dernières années, vous connaissez mon père, Jack Merrill, grand avocat qui a défendu les pires raclures pour des millions de dollars. On le surnomme toujours le Requin Yankee. Ma mère, quant à elle, était une des plus grandes actionnaires d'un groupe informatique.
Autant vous dire que lorsque j'ai exprimé mes désires de devenir flic, j'ai eu les pires difficultés avec ces surdoués du compte en banque le plus gonflé.
J'ai été désavoué jusqu'à la mort de ma femme (mes parents sont mort un an après d'ailleurs). Au moment de la mort de Sarah, touchés ou simplement en manque d'amour, ils sont revenus comme des moutons auprès d'un berger clément.
Ils sont arrosé mes finances de petit plaisir jusqu'à ce qu'ils se tuent en avion en Europe. (Mon père avait une passion pour les vols privés de chez Falcon). A ce moment, ce n'était plus quelques petits plaisirs mais un pactole énorme.
Comme je le disais dans un autre article, la police me manquerait trop si je m'arrêterais.
J'ai hérité d'un tas d'actions et d'un tas de pognon, et je ne sais même pas quoi en faire. Si c'est pas malheureux, la vie...