Que celui qui dise que le congé maternité, ce sont des vacances finisse au bûcher. Il faudrait lui coller Lou dans les bras, il verrait que ce n'était pas de tout repos. D'autant plus qu'il y avait aussi Sarah à s'occuper aujourd'hui. Elle n'était pas ingérable, mais il fallait lui accorder tout autant d'attention. La jeune mère n'avait pas réussi à convaincre son père qu'il valait mieux que leur fille reste avec elle le temps de sa convalescence et Dieu sait qu'elle aurait rêvé lui envoyer un avocat pour obtenir quelque chose pour cela si elle en avait eu les moyens. Mais elle avait dû se rendre à l'évidence, le salaire qu'elle recevait de son congé maternité couvrait tout juste ses frais mensuels, elle ne pouvait rien rien. Mais cela ne l'empêchait pas d'embarquer de temps en temps la petite pour laisser le loisir à Gabriel de se "reposer" ou peu importe ce qu'il pouvait faire pendant son temps libre, du moment qu'il ne faisait pas le con comme il était si coutumier. Jill avait tout planifié dans les moindres détails pour cette journée, mais les imprévus avaient été nombreux. Avec ce soleil, les trois filles avaient pu se promener dans Central Park, Sarah avait même eu le droit à une glace à la vanille avant de finalement vouloir courir après les canards jusque dans le lac - heureusement, la gynécologue avait eu tout juste le temps de l'agripper par l'encolure de sa veste. Le soir, c'était la bataille. Il fallait faire prendre son bain à Sarah, donner le sein à Lou, faire manger ses petits pois-carottes à l'aînée pour au final reconduire la plus grande chez son père, selon les instructions de monsieur, et coucher la plus petite dans sa chambre. Au final, Jill n'avait pas eu le temps de manger et les seuls moments où elle avait pu poser ses fesses sur une surface, c'était pour nourrir son bébé. Après avoir fermé la porte de la chambre, elle posa le babyphone sur la table basse du salon et s'écroula sur le canapé en soupirant. Elle n'avait plus la force de grand chose, ne parvenant même pas à empêcher sa tête de tomber en arrière. Elle ferma les yeux un instant, jusqu'à ce qu'une douleur lui transperce les épaules. Les bonnes vieilles courbatures et autres raideurs n'en finissaient plus et cela devenait parfois infernal. Elle se redressa légèrement avant de poser son regard sur son téléphone. Elle hésita un quart de seconde avant de s'en emparer et de taper un message.

Citation :

Echange pizza et massage contre ce que tu veux, deal ?

Elle laissa tomber l'appareil à côté d'elle avant de se masser les tempes. A côté de ses filles, ses patientes lui manquaient terriblement. Quelques minutes plus tard, on toquait à la porte de son appartement. La jeune femme se redressa avant de s'étirer. Elle finit par aller entrouvrir la porte, prenant un air sérieux.

T'as ce que j'ai demandé ?

Elle finit par esquisser un sourire et ouvrit la porte en grand pour laisser à Aiden le loisir de pénétrer dans son appartement. Elle le laissa faire, il connaissait le chemin à force, refermant la porte derrière lui.

Lou dort tranquillement, mais je sais pas pour combien de temps, alors fais-moi rêver avec cette pizza et ce massage.

Parce qu'elle savait parfaitement que, lorsque Lou se réveillerait, il lui faudrait du temps pour la rendormir et surtout qu'il y avait de grandes chances pour Aiden insiste pour s'en occuper aussi et, malgré qu'elle appréciait l'aide et le dévouement de son ami, cela la mettait toujours mal à l'aise et lui donner l'impression de déranger.

maybe we must talk about us

« Tu sais que t’es qu’un crétin Aiden ? » Gros sourire de débile grandeur nature. Il lui attrape la tête, fouille dans ses cheveux et se marre. « Tu comprends ça que maintenant ? » Entre Lou qu’il adore, sa mère qu’il aime, le job qui lui prend du temps, il est fatigué le aiden plus que ça. Mais vous savez quoi, j’aime ça. Je regarde de loin ma vie, et jme dis, que merde, j’aurais pu finir pire. J’aurais pu finir comme mon pote, j’aurais aussi pu m’apitoyer, lisser la vie me happer, m’achever. Après tout, jpeux pas dire que jill y est..étrangère. C’est la fille qui a toujours le sourire aux lèvres, même quand elle ne devrait pas, même quand tout part en live. Comme son ex – toujours marié – son bébé, elle, son beau-frère. Le seul domaine ou elle ne relativise pas ? Moi. Quarante fois par jour elle veut que je me repose – ce n’est pas moi qui vient d’avoir un gosse hein – que je cesse de jouer à l’enfant, que je me comporte comme un grand et blablabla. Jm’attends tous les jours à ce qu’elle tente de me faire manger des haricots vert après ça. Oui oui, des haricots, elle serait même fichue de me punir de dessert, comme avec sarah. Je rentre dans la pièce, tout sourire, aide ma patiente préférée à se redresser et comme d’habitude, elle me drague. C’est pour rire, mais ça lui fait plaisir. Jpensais que déménager serait, étrange pour moi. Mais ici, on m’emmerde moins. Ils ne savent pas eux, ils m’ont pas récupéré dans un état lamentable. Ils savent juste que je ne marche pas avec aisance et c’est tout ce qu’ils ont besoin de savoir. Je reçois un message de jill et je souris, comme un idiot, treize ans et on va au bal.. Pire que des ados. On est adultes, on a une situation, et pourtant, on a l’impression de flirter, surtout qu’on a rien labélisé, on est juste, des amis attirés, on va dire. Il serait temps je sais, mais qu’est ce que j’y peux si elle est toujours mariés et moi un abruti ? Jfinis mon service plus vite que je le pensais – jles soupçonne de l’avoir raccourci suite à une visite de Jill – et je prends ma moto. chose à laquelle je suis censée faire gaffe. Mais on ne vit qu’une fois non ? J’arrive asse vite devant l’appart. J’ouvre avec ma clé et souris en la voyant. Sérieux, jsuis ridicule. Elle a la main sur la porte, j’ouvre en même temps. « Oups j’ai oublié la pizza… On commande ? » Dis-je toujours avec ce fichu sourire de débile. Sauf que souvent, il me sort des emmerdes ce sourire. Lou dort et jparais déçu, mais je le montre pas, ou elle va penser que jviens pour le bébé. « Vas y installe toi madame j’exige » la vérité ? J’adore lui faire ce genre de truc. Elle est fatiguée et si elle oubliait mes problèmes elle penserait un peu plus à elle. Je m’assieds, allongé mes jambes et la fait se poser sur moi. Le seul moyen de la masser, toute façon ma jambe risque de dire non. Je commence à la masser et un baiser dans le cou vient se perdre. « Alors ta journée ? Moi jme suis encore fait draguer par miss anderson. » J’aime nos moments.

Jill leva les yeux au ciel en soupirant. Bien entendu, il était venu les mains vides. Elle avança la main pour lui mettre une pichenette sur le front.

Poisson rouge, va.

Elle prit son téléphone et commanda rapidement une pizza. Ils avaient cependant largement le temps de faire d'autres choses, comme le fameux massage. Madame J'exige tira la langue à son ami. Quand elle était avec lui, elle redevenait comme une enfant. Elle ne faisait jamais semblant, il la faisait simplement être comme ça et depuis que tout avait commencé à dégénérer avec Gabriel, elle en avait eu vraiment besoin.

Elle s'installa avec précausion sur Aiden. Elle avait toujours peur de lui faire mal à la jambe - plus qu'il n'avait déjà mal - bien qu'il lui assurait qu'il allait bien. Elle mit cependant ses jambes de part et d'autre des siennes, remontant ses cheveux sur le haut de son crâne pour finalement les attacher avec la pince qu'elle avait laissé pendre sur son haut. Elle laissa les mains de son ami se poser sur ses épaules. Elle laissa ses lèvres se poser sur son cou. C'était toujours comme ça avec eux. Ambigu, amical et un peu plus. Il était réconfortant pour elle, même s'ils n'étaient jamais allés plus loin. Elle ferma doucement les yeux, se laissant aller.

J'ai réussi à négocier Sarah auprès de son père, donc on est allées à Central Park avec les filles, on en a profité. C'était génial, mais elles m'ont crevée.

Alors qu'elle parlait, elle avait levé son bras vers l'arrière pour passer sa main dans les cheveux d'Aiden, caressant son crâne machinalement. Il avait beau plaisanté sur sa patiente, Jill n'était pas du même avis que lui.

Tu devrais l'inviter un jour, ta Miss Anderson. Elle serait contente.

Oui, ça sonnait comme si elle était jalouse, mais elle savait qu'une femme pouvait feindre la plaisanterie pour tenter de parvenir à ses fins.

Tu peux masser un peu plus bas s'il te plaît ?

   
maybe we must talk about us

« Jte zut. » Voilà le niveau qui se plaçait assez vite quand j’étais en présence de Jill. Même Lou était plus mature que moi et Sarah semblait avoir plus de sagesse. Ce n’était qu’une impression pourtant. Je savais juste pas me comporter avec les femmes. Je ne prenais pas les choses au sérieux. Peut-être parce que ça me faisait flipper d’imaginer autre chose, de m’avancer, de me lancer. Les gens me pensaient courageux, la blague, je préférais un immeuble en feu – notez que je suis pourtant pas pompier – que d’avouer aimer une femme géniale. Elle me tira la langue, prouvant qu’au final, j’étais pas le seul à agir comme un maternelle. Elle s’installa – avec mille précautions comme si elle allait m’arracher la jambe si elle se mettait pas correctement – et se tint prête à se faire masser. Elle commença à me raconter sa journée pendant que mes mains la massaient, ponctué de légers arrêts remplacés par mes lèvres dans sa nuque. « Ah cool. Lou a fait sa sieste ? Enfin « ses » siestes. J’aimerais avoir son sommeil aussi lourd moi. » Moi, je dormais peu. Parce que la plupart des positions me gênaient, parce que je me réveillai en sursaut, ou par ce que je me levais et faisais les 100 pas dans la baraque, en bref, je ne savais pas par quel miracle je restais encore debout. Voilà qu’elle se mettait à me trifouiller les cheveux. Elle me fit une remarque qui me fit rire. « L’inviter ? Nan, je crois pas. Pis j’ai déjà quelqu’un dans ma vie. Lou Elle serait sans doute jalouse. » Il fallait le dire, Lou était devenue une grosse partie de ma vie. Mais c’était fou la joie que je pouvais avoir quand elle me sortait ses plus beaux sourires. Elle demanda à se faire masser plus bas et mes doigts filèrent vers le bas de son dos, en profitant. Je me surprise à chercher plus qu’un simple massage et la pousser à se tourner, pour poser mes lèvres sur sa bouche. « Tu penses pas qu’il serait temps qu’on assume ce qu’on fait.. Ou on continue de prétendre être juste des amis ? » Ca y’est je l’avais dit. Et là jme faisais littéralement dessus.