Rafaele di Marco
32 ans ◘ co-directeur du san marco ◘ guillaume canet
Knowing is the easy part ; saying it out loud is hard.


new-yorker ◘ célibataire
italo-sudafricaines ◘ jeffreys-bay ◘ hétéro

Rafaele, Raf, c'est le type cool, qui prend tout avec un détachement qui surprend, déstabilise parfois, énerve aussi, c'est la force tranquille en somme, celui de la fratrie qui sait garder la tête froide en (quasi) toutes circonstances. Deuxième né, trois ans après son frère Angelo, il est à mi-chemin entre le tempérament pragmatique et posé de son père, et la douce rêverie qui semblait presque toujours happer Mrs di Marco.  Comme elle de son vivant, c'est lui qui s'occupe des relations avec les clients, la presse, et le personnel, parce qu'il a hérité de son tact et de sa patience.  Enfant, c'était celui à la gueule d'ange, qui semblait passer au travers de toutes les punitions - ce qui a longtemps été un sujet de dispute avec Sandro. Calme et bon élève, ça ne l'empêchait pourtant pas de répondre présent pour toutes les bêtises qui ont rythmé son enfance et son adolescence, c'était son arme, sa botte pas vraiment secrète. Ça et son sourire rieur, et sa façon de toujours trouver de bonnes excuses enrobées dans un joli mensonge, presque un art vous aurait-il dit si vous l'aviez connu quelques années plus tôt.

lady rose
behind the screen
  --> si si, je suis bleue aussi dans la vraie vie. En fait je suis une schtroumpfette, mais je porte pas de string. (ou ptet que si... mais ça j'vous le dirai pas   )

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Le vent lui fouette le visage, les nuages annoncent une pluie imminente, mais ça ne le perturbe pas plus que ça. Depuis tout petit, rien n’a jamais pu se mettre entre lui et sa passion pour les chevaux; depuis que sa mère l’a mis sur une selle à l'âge de six ans, il n’a jamais décroché, passant plus de temps au centre équestre de J-Bay que dans l’hôtel de ses parents, à tel point que Byron, le fils du jardinier de l’hôtel, qui s’occupait des chevaux après l’école, était presque autant son frère qu’Angelo. Souvent, lorsqu’il avait envie de se vider la tête, de faire le point et n’être pas dérangé, il scellait Curcuma, son premier cheval, avec qui il avait débuté la compétition junior, et l'emmenait galoper sur la plage, et c’est encore le cas. La mort prématurée de son père l’avait propulsé à la direction de l’hôtel, une charge dont il se serait bien passé et qu’il devait assumer conjointement avec son cadet, pas question de revenir sur la promesse faite à son père sur son lit de mort. Avec la vitesse du cheval au galop, il n’y a autour de lui que le bruit du vent, grondant, et celui des vagues qui roulent sur le sable. De retour aux écuries, il ramène l’animal et le débarrasse de sa bride. « Alors mon vieux, t’aimes toujours autant les vagues hein… »Il se souvient des conseils de sa mère, lorsqu’elle disait que les chevaux comprennent, sentent, mieux qu’on ne pourrait croire. Il en avait fait l’expérience lors de son premier concours national.

Quelques années plus tôt, Johannesbourg.
Le micro grésille un peu tandis que le commentateur présente le couple qui se présente. Fier, un peu nerveux, il tente de calmer sa respiration, se remémorant le parcours une fois de plus, pendant qu’il salue le jury et le public. Ces championnats sont la porte d’entrée vers les épreuves réellement sérieuses du milieu de la compétition, l’enjeu est de taille. Il s’élance, la concentration temporise le bruit qui les enveloppe, son allure est maîtrisée, il compte le nombre de foulées, et tout semble bien parti. Mais au moment de franchir l’avant-dernier obstacle, celui avec le soubassement, tout bascule. Les nerfs, une peur soudaine de sa monture, il ne sait pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’ils se retrouvent à terre, tous les deux. Le silence se fait d’un seul coup, tout le monde retient son souffle ; l’animal se remet rapidement debout, mais Raf est toujours à terre, plié en deux, se tenant l'avant bras gauche.

Il s’en souvient encore, douze ans après, première sortie en concours, disqualifié, chute, et trois mois de plâtre, sans compter la rééducation ; son poignet, encore fragile maintenant, n’avait pas résisté au sabot du cheval en train de se relever… « Tu reviens de loin toi, tu sais… » dit-il à l’oreille de son compagnon quadrupède. Il avait fallu toute la détermination du jeune homme qu’il était à l’époque pour convaincre son père de ne pas piquer l’animal.
De retour à l’hôtel, un peu mouillé à cause d’une pluie fine qui commence à tomber, il est accosté par un bagagiste qui l’interpelle, un peu essoufflé. « M’sieur l’directeur, y’a quelqu'un qui vous attend dans vot' bureau… » Décidément, il ne se fera jamais à cette idée. « Merci Joseph, j’arrive tout de suite. Mais par pitié m’appelle plus comme ça, j’ai l’impression d’avoir 20 ans de plus. » Depuis toujours, tout le monde aux alentours ne l’a jamais appelé que Rafa, ou bien Raf, le changement est plutôt perturbant. « Vot’ frère est déjà là-bas… » Ajoute le jeune homme en repartant vers l’entrée de l’hôtel où de nouveaux clients viennent de faire leur apparition. Il se dirige vers le bureau, cette pièce qu’il a occupé de façon épisodique, lorsque toute la famille se réunissait pour préparer des évènements spéciaux, où il ne manquait pas d’agacer son père par ses retards répétés parce qu’il arrivait droit du centre équestre. Cette fois encore, il entre et voit Angelo en compagnie d’un homme plutôt élégant, contraste cinglant avec sa tenue, plutôt rustique et très décontractée. « Pardonnez ma tenue Mr Andrews, vous savez sûrement d’où j’arrive… » Lance-t-il au banquier, l’air agréable et souriant comme s’il retrouvait un vieil ami. Depuis tout petit, s’il n’a pas vraiment été le plus brillant, ou le plus assidu sur les bancs de l’école, sa tchatche, sa facilité à aller vers les autres et à les faire se sentir à l’aise lui a donné de sacré coups de pouce. Ce n’est pas pour rien qu’il est en charge de tout ce qui est relations publiques, gestion du personnel et des relations clients. Il a une belle gueule et inspire sympathie et confiance…


Il est assis par terre, le regard dans le vague, sans aucune notion du temps, une tulipe dans la main, qu’il garde, comme s’il n’osait pas la déposer sur la pierre tombale. C’est un peu bête en fait, mais ça serait comme admettre la réalité, sa disparition, survenue bien trop tôt. La stèle le dit d’ailleurs, c’était l’inscription sur laquelle ils étaient tombés d’accord Alessandro, Chrys et lui. Pour une fois que ça leur arrivait.



Les files interminables de voitures et leurs phares rouge carmins, ont pris la place de l'étendue calme de la mer. Il n'est que vingt-heures mais il ne rêve que d'une chose, retrouver la chaleur rassurante de ses draps, cette douce quiétude offerte par morphée. Il marche dans la grisaille assombrie par le créupuscule, malmené par les klaxons, la circulation, les bruits du métro et des transports en commun. Décidément, New-York, même si c'est la ville de la culture, d'une diversité inégalée, lui semble bien peu accueillante. Le rêve américain, il est à son seuil, dans le berceau de cette idée qui a fait migrer tant de gens. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il serait resté, il aurait aidé à reconstruire J-Bay. C'était une petite vie, dans une petite ville, mais ça lui convenait.
Délassé, dans le cocon de cette nouvelle suite, ce nouvel hôtel San Marco, il constate que quelqu'un a essayé de le joindre. Que faisait-il donc de si important il y a trois heures pour n'avoir pas vu l'appel de Rusty. Un sourire étire ses lèvres à lors que des images du passé, farandole d'autrefois, se dessinent devant ses yeux. Il passait des heures, déjà à l'époque, à regarder les cassettes de cet idole, par la suite son entraîneur et ami. Il connaissait ses parcours par cœur, les commentaires des épreuves auxquelles il avait participé. Aujourd'hui, leurs routes vont se croiser une fois de plus, dans le sable du Riverdale Equestrian Center. Il compose le numéro.

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