Royce Keller
25 ans ◘ toiletteur canin  ◘ colton haynes
my head's under water but i'm breathing fine


new-yorker ◘ compliqué
hongroises & sud-africaines ◘ Budapest ◘ hétéro

D'une façon ou d'une autre, et sans qu'il y ait réellement d'explication logique, Royce fait partie de cette catégorie d'individus qui gâchent toujours tout et ont une fâcheuse tendance à se saborder eux-même, parfois sans même s'en rendre compte. Il n'a pas fait d'études, n'a que les bases les plus élémentaires, lecture, écriture, calcul simple mais c'est un type débrouillard, un pro du système-D et il a un culot qui lui permet de compenser ses autres lacunes. Il n'est pas méchant Royce, juste très fier, trop sans doute, un peu susceptible, et complètement intolérant à une quelconque forme d'autorité, forcément quand on a pas eu de parents pour poser des limites, ça laisse des traces. Il aime le sport, il court et nage, à J-Bay c'était facile et ça ne coûtait rien, il adore les défis et ne peut pas s'empêcher de relever ceux qu'on lui lance, si idiots et/ou dangereux soient-ils. Il n'est pas spécialement cultivé mais il observe, il est futé et a du répondant. Humainement, c'est un drôle de puzzle Royce ; il est plutôt sociable et avenant, séducteur par nature et par jeu, il est un ami loyal. C'est un sanguin, il réagit au quart de tour et a du mal à se contenir lorsqu'il est en colère, ce qui l'amène parfois à faire ou dire des choses qu'il regrette ensuite.

lady rose
behind the screen
   miaou.

You're gonna catch a cold, from the ice inside your soul

Accoudé à la rambarde, une bouteille à la main, il regarde l’eau couler, paisible, sous le pont en bois. Derrière lui, au loin, résonne le carillon des cloches de l’église ; en passant devant quelques moments plus tôt, il y a vu un grand rassemblement, toutes les personnes présentes avaient ce sourire accroché aux lèvres, débordants de bonne humeur et de bons sentiments. Parfaitement écœurant. Première semaine de liberté, après ces deux années perdues, il erre déjà… peut-être que de nouveau serait plus approprié, pour un chat de gouttière comme lui,  n’ayant que ses seules ressources pour assurer sa survie. Un laissé pour compte, c’est ce qu’il est : un rejet de la nature, le fardeau d’une société qui a toujours de plus gros problèmes à régler que le sort d’un adolescent de 14 ans à qui on a fait comprendre que d’autres ont plus besoin que lui du lit qu’il occupe à l’orphelinat.

Quelques part dans J-Bay, il y a douze ans…
Il arpente les rues, s’y faufile, apparaît à un endroit, disparait aussitôt. Ça peut être l’étal d’un marché, ou bien la vitrine d’une charcuterie. Inaperçu, il se sert de cette faculté à double-tranchant pour commettre ses petits larcins. Et puis un jour, il est pris sur le fait, le propriétaire de l’épicerie le surprend mais au lieu d’avertir les autorités, lui propose de travailler pour lui pour rembourser le prix de ce qu’il a dérobé. Marché honnête en soi, un geste que Laszlo n’a jamais pu s’expliquer. Les premiers jours se passent plutôt bien, les premières semaines passent, si bien que l’homme à la chevelure grisonnante se prend d’amitié pour son nouvel employé. Il le prend sous son aile, lui donne le complément d’instruction dont il aura besoin pour se débrouiller dans la vie, survivre.

Le train se met en marche tranquillement, puis peu à peu, prend de la vitesse. Les paysages défilent, rien ne demeure plus d’une poignée de secondes dans son champ de vision, un peu comme les images de cette vie, le temps qui passe sans rien pour s’y accrocher. Il retourne à J-Bay, sans vraiment savoir pourquoi, dans cette ville qui l’a vu grandir, faire fausse route : il n’y a aucune attache depuis que ses parents sont morts, il pourrait être à des milliers de kilomètres de là s’il le voulait, s’il avait fait ne serait-ce qu’un pas, mais il ne l’a pas fait, et il ne semble pas déterminé à le faire. Il pourrait aller en Europe, il doit sûrement y avoir un reste de famille, du côté maternel, mais il ne se sent pas lié à ce pays un peu fantasque et irrémédiablement mélancolique qui l’a vu naître. Il ne se sent pas hongrois, pas réellement sud-africain non plus en fait. Le chemin de la gare à cette boutique, il le fait les yeux fermés, les rues ont longtemps été son royaume, il en a gardé une parfaite maîtrise. A l’angle de deux d’entre elles, sa vie un pris un tournant fondateur, quelques croisement plus loin, ironiquement, c’était de nouveau le chaos. Cette boutique, où il a vécu quelques années avec ce vieux bonhomme, quelqu’un d’autre l’a reprise, tout a changé, en l’espace de deux ans, il n’y a plus de traces de ce qu’avait été cette épicerie de quartier. Il n’entre pas, figé devant la vitrine de ce magasin, une librairie/papeterie. Il n’a plus rien à faire ici, alors il tourne les talons, sans un regard en arrière, et suit ses pas, comme il l’a toujours fait. Retour à la case départ.

C’est arrivé comme ça, un après midi, à sa plus grande surprise. Il pensait que c’était une erreur, ou pire, un canular, ou une caméra cachée. Et à mesure qu’il prenait conscience que les deux hommes en face de lui, n’étaient pas du tout en train de plaisanter, un drôle de mélange d’émotions aussi contradictoires et incompatibles les unes avec les autres s’était emparé de lui. Colère. Parce qu’ils ne s’étaient pas manifestés plus tôt, parce que toutes ces années il s’était cru seul au monde. Curiosité. Parce que cette tante qui apparaissait et dont il n’avait pas de souvenir, ni de l’avoir vue en photo, ni d’avoir entendu son père en parler, l’intriguait bien plus qu’il ne voulait se l’avouer. Il n’avait pas ouvert cette enveloppe, la laissant traîner sur la table de l’appartement pendant des jours entiers, recouvrant cette pensée par d’autres, sans toutefois parvenir à l’enterrer totalement. Il l’avait finalement lue, un matin en se levant. Le contenu de cette enveloppe l’avait sonné, et il avait dû la relire plusieurs fois avant de réaliser pleinement ce que tout ça signifiait. il avait laissé la journée se dérouler normalement, tout en pensant à ce qui pouvait se trouver de l’autre côté de l’Atlantique, à l’autre bout du monde, où il aurait, s’il voulait, sa place. Sa place. Cette idée lui est étrangère, presque saugrenue, il est persuadé que sa place est à Jeffreys-Bay, là où ses parents sont arrivés alors qu’il n’avait que deux ans. Mais au fond, il ne savait pas trop ce qui le retenait. Peut-être cette satané fierté mal placée dont il n’arrivait pas à se défaire. Et puis Jace lui avait annoncé qu’il partait pour New-York, pour rester avec Gabriel qui devait se faire opérer. Peut-être cela avait-il pesé dans la balance. J-Bay sans son meilleur ami n’aurait sûrement plus la même saveur, le même intérêt. Et puis la tornade avait acheté de le pousser à aller voir ce que pourrait être la vie là bas, pourquoi pas repartir à zéro, du bon pied cette fois ?